Echouées aux oreilles du ciel
Grosses créoles dans leur clarté bouillonnante
Exposées là
Enchaînées là
Dans ce miroir
Dans la sueur océane
Réapparaissent et disparaissent dans tes pupilles
Vagues
Paupières
Qui s’ouvrent et se ferment sur ces reflets d’étoiles
Remue-ménage entre ces îles à croquer
Et l’horizon d’Est qui brille et s’étale

Tu pars aujourd’hui pour des draps de Brésil
Qu’est-ce que tu feras ?
Qu’est-ce que tu lui diras ?
C’est le matin luminescent
Mulâtre
A l’avant du bateau
La bouche de la mer t’attire et te parle
D’un autre parfum qui t’embaume
Et toi
Mais toi
Tu sens le rhum de bastringue
Ta vie titube
Elle est trop lourde
Ton âme
Ton âme
La cargaison que tu trimbales

Le soleil levant se pointe goinfré de maquillage
La mer qui t’offre ses lèvres humides et brutales
La mer qui se plie
La mer qui se cabre
La mer qui s’écorche contre les bastingages
La mer qui te hurle ses bourrasques et te malaxe
T’enivre de fioul gras
Et chaque fois
Mais chaque fois
Tu prends le large

Un mois
Puis deux et trois
Une année
Trente quarante cinquante déjà
A sillonner les échancrures intercontinentales
Praia Rotterdam Dakar Tubarão Thessalonique…
Le ciel pour armateur
Le vent pour équipage
Des femmes pour te ronger les sangs
Et ton navire
Ton navire
Pour écrire des pages
Des pages

 

Dans ton sillage
La mer qui se ride
Et puis un jour se calme

 

 

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3 réponses sur « Cargo »

  • avatar

    Coucou, tu écris super bien ! Les poèmes sont vraiment très beaux,
    Bisous,
    Zoé.
    Ps: je me suis abonnée

    • avatar

      Salut Zoé
      Merci c’est vraiment sympa !
      Bises à la famille.
      Gat

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