Les collines sourdes n’écoutent pas la voix ni le bruit
Des mouvements lents et amples de l’eau
Le vent de la vallée s’est arrêté dans la nuit
Et son corps de mousson fatigué qui s’allonge

Eclairage public, gemmes qui brillent puis qui coulent
Des clapotis, gouttelettes, résidus de paroles de la foule
La brume soupèse la chaleur de la ville endormie
Une main de lumière sur la berge qui s’ouvre

Même tôt le matin tous les bateaux transpirent
Une rosée résiduelle, carburant de la lune
Il faut que tous les jours d’été s’écoulent
Lentement sueur naturelle du Monde

Où vont passer tous ces nuages sombres ?
Les usines maquillent cette masse chevelue
Les eaux du fleuve offrent un miroir peu commode
A la beauté massive de la pluie

Contenir telle est sa devise
Un amour aquatique débordant de son lit
Le dragon qui exulte serpente
Sa mâchoire exutoire déborde

L’estuaire est loin et les eaux nonchalantes
Forment des tourbillons petits yeux engloutis
Ce sont les sédiments des longues années d’errance
Qui reviennent en mémoire pendant ses insomnies

Le fleuve ne dort pas ni dans le fond ni en surface
Il mastique longuement les années passagères
Il se cherche il se morfond il se révèle ou il s’ennuie
Il transporte ses songes vers la mer

Malgré ses soubresauts il accouche dans le calme
L’Océan accueillant lui dilue sa mémoire
Que restera-t-il de ses doutes en forme de vagues ?
Quelques gouttes de pluie qui s’épanchent le soir

 

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